Emmanuel Macron et le maire de Nice, Christian Estrosi, le 10 janvier. Emmanuel Macron et le maire de Nice, Christian Estrosi, le 10 janvier.

A moins de trois mois de l’élection présidentielle, la sécurité revient comme un des thèmes centraux de la campagne. Après Valérie Pécresse, qui a annoncé son intention de « ressortir le Kärcher de la cave » la semaine dernière, Emmanuel Macron est à Nice, lundi 10 janvier, pour présenter ses propositions à ce sujet, bien qu’il ne soit pas encore officiellement candidat.

Devant des élus et des associations, le président de la République a réitéré son intention de vouloir « doubler les policiers sur le terrain d’ici 2030 ». Cette mesure viendra en complément de la création des 10 000 postes de forces de l’ordre depuis le début du quinquennat, a-t-il précisé. « Nous avons ces cinq dernières années, conformément à l’engagement que j’avais pris, réinvesti dans notre sécurité », a également défendu M. Macron, en forme de bilan.

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Il a aussi annoncé la création de 200 brigades de gendarmerie en milieu rural afin de « remettre de la tranquillité dans les quartiers les plus ruraux ». « Les expérimentations conduites dans plusieurs départements ont prouvé l’efficacité du système, qui rapproche les forces de l’ordre de la population dans des territoires où l’empreinte des services publics est faible », a-t-il ajouté. M. Macron a ensuite dévoilé la mise en place d’une « force d’action républicaine » qui sera déployée « dans les quartiers qui connaissent des difficultés » afin d’« aider à démanteler les principaux points de deal ».

Emmanuel Macron a également annoncé une généralisation des amendes forfaitaires délictuelles (AFD) pour les délits sanctionnés par des peines inférieures à un an de prison. Le président de la République a expliqué que cette généralisation de l’AFD, utilisée notamment pour lutter contre la consommation de stupéfiants, était « un élément de simplification » qui permettra aux « magistrats de se concentrer sur les affaires plus importantes ».

Autant de dispositifs qui pourraient être intégrés à la future loi d’orientation et et d’orientation du ministère de l’intérieur (Lopmi) pour les années 2022-2027, pour laquelle Emmanuel Macron prévoit de présenter un projet de loi devant le conseil des ministres au mois de mars – pour une potentielle adoption après l’élection présidentielle. Une augmentation du budget de la sécurité y serait prévue, de 15 milliards d’euros sur cinq ans soit, selon l’Elysée, une hausse de 25 % sur le budget actuel.

« Emmanuel Macron a laissé la société s’ensauvager »

Emmanuel Macron a rencontré des policiers et des gendarmes, lundi 10 janvier à Nice. Emmanuel Macron a rencontré des policiers et des gendarmes, lundi 10 janvier à Nice.

Au cours de cette prise de parole à Nice, il a aussi déclaré avoir « réinvesti pour lutter contre l’immigration illégale » et contre la radicalisation et « mené une action nouvelle contre la drogue » avec la création d’un organisme central pour lutter contre les trafics et les points de deal. « C’est une priorité et le restera », a-t-il ajouté. « Notre devoir et notre vocation c’est de continuer à améliorer inlassablement les choses. »

A son arrivée à Nice, le chef de l’Etat a été accueilli par le maire, Christian Estrosi, qui a quitté Les Républicains (LR) pour le soutenir. Symboliquement, M. Estrosi a remis au président de la République les clés du futur « hôtel des polices », devant réunir les polices nationale et municipale. Accompagné du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et de la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa, M. Macron doit également échanger tout au long de ce déplacement avec des membres des forces de l’ordre, des élus, des magistrats, des associations et des Niçois.

Sur ce thème de la sécurité, M. Macron est très attaqué à droite. Son déplacement à Nice a d’ailleurs fortement déplu à Eric Ciotti, député du département et « conseiller à l’autorité » de la candidate des Républicains, Valérie Pécresse. « Il vient déposer la première pierre factice d’un commissariat dont les travaux ne commenceront pas avant deux ans et dont la demande de permis de construire n’est même pas déposée. Je ne cautionnerai pas cette petite manœuvre électorale », a réagi le finaliste du congrès LR au Figaro.

M. Ciotti n’était pas présent, comme le veut la tradition républicaine, pour accueillir le président de la République et a annoncé compter se rendre, au même moment, à la prison de Nice. « L’échec Macron en matière de sécurité est celui de la faillite du en même temps sécuritaire », critique dans le même entretien le député, spécialiste des questions de sécurité. « Emmanuel Macron a laissé la société s’ensauvager et va laisser aux Français une France Orange mécanique », estime-t-il.

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La semaine dernière, c’est la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, qui a ressorti des formules-chocs sur ce thème de la sécurité. A l’occasion d’un déplacement dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse et d’un entretien à La Provence, elle a employé une formule à forte connotation à droite. « Je vais ressortir le Kärcher de la cave », a-t-elle assené, en référence à la formule de Nicolas Sarkozy, qui en 2005 avait promis à une habitante de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) de « nettoyer » la cité « au Kärcher ».

Durant son déplacement jeudi, Mme Pécresse avait notamment plaidé en faveur de la création de « centres de détention provisoires », jugeant insuffisant le nombre d’exécutions des courtes peines. « Nous allons promettre de réaliser 20 000 places de prison supplémentaires (…), mais elles ne sortiront pas de terre dès l’été. (…) On va ouvrir des centres de détention provisoires dans des bâtiments désaffectés », a-t-elle expliqué depuis Salon-de-Provence.

Le Monde avec AFP

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