Le portrait peint de Maëlys de Araujo a été installé à l’intérieur du palais de justice de Grenoble. Le portrait peint de Maëlys de Araujo a été installé à l’intérieur du palais de justice de Grenoble.

« Il n’y aurait pas eu ce drame » : jugé pour le meurtre de la jeune Maëlys en 2017, Nordahl Lelandais a déclaré vendredi 4 février que la petite fille serait encore en vie si son ex-compagne avait répondu au message qu’il lui a envoyé la nuit des faits.

« Si j’étais passé te voir, ça aurait tout changé, je serais parti du mariage et la petite serait encore là, affirme l’accusé de 38 ans, debout dans le box, en s’adressant à son ancienne compagne en pleurs à la barre.

– Ça ne dépendait pas de vous ? Vous avez votre libre arbitre, M. Lelandais, insiste la présidente Valérie Blain.

– Si ma copine avait répondu au message, je ne serais pas resté au mariage, je serais allé dormir chez elle, réplique-t-il.

– Et il ne se serait rien passé ?

– Oui », répond-il.

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Une affirmation « indécente »

Réagissant peu après à cet échange, l’avocat de la mère de Maëlys, Me Fabien Rajon, a jugé « indécent de faire culpabiliser cette malheureuse ex-compagne en lui disant que, si elle avait répondu à son SMS, la petite Maëlys ne serait pas morte ».

« C’est proprement insupportable », a commenté de son côté l’avocat du père de Maëlys, Me Laurent Boguet, jugeant que « Nordahl Lelandais, c’est l’homme des prétextes, des fausses excuses, l’homme du mensonge ».

La cour avait auparavant écouté l’enregistrement d’une conversation téléphonique entre les deux amants remontant à octobre 2017, alors que Nordahl Lelandais se trouvait déjà en prison, soupçonné du meurtre. Dans cet échange, il avait nié tout lien avec la disparition de la fillette et avait imploré la jeune femme de ne pas « douter » de lui. « Ils me rendent fou avec leurs histoires, mais tu ne vas pas douter de moi. C’est aberrant, c’est fou, c’est un truc de malade, assurait l’ancien militaire. J’aurais préféré passer la soirée avec toi en plus, il n’y avait rien d’exceptionnel dans ce mariage. Si j’avais su… »

Il avait par ailleurs reconnu dans cette conversation avoir « parlé » à Maëlys, qui avait vu la photo de ses chiens sur son téléphone au cours de la soirée. « Mais il y en a d’autres qui ont parlé à la fille », avait-il balayé.

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Un « éventuel mobile sexuel »

La question d’une possible tendance à la pédophilie de l’accusé est au cœur du procès. L’ancien militaire doit également répondre d’agressions sexuelles de deux petites-cousines âgées à l’époque de 4 et 6 ans, ainsi que de détention et d’enregistrement d’images pédopornographiques.

Ces faits avaient été découverts pendant l’enquête sur la disparition de Maëlys lorsque les enquêteurs avaient mis la main sur des vidéos des attouchements, filmées par téléphone, qui remontent à juillet et août 2017. Il est accusé d’avoir caressé le sexe de sa petite-cousine âgée de 4 ans à l’époque, alors que celle-ci dormait seule dans une chambre. Puis d’avoir reproduit ces mêmes gestes, dans les mêmes circonstances, quelques semaines plus tard sur une autre petite-cousine âgée de 6 ans.

« Ces agressions sexuelles ont été commises, même si Nordahl Lelandais est présumé innocent, pour l’une d’entre elles six semaines avant les faits concernant Maëlys, l’autre, une semaine pile avant les faits concernant Maëlys », a relevé l’avocate des parents des deux petites-cousines, Me Caroline Rémond. « Ça pose évidemment la question d’un éventuel mobile sexuel concernant Maëlys de Araujo, compte tenu de la proximité en âge de ces fillettes et la proximité en termes de temporalité », a-t-elle souligné.

Maëlys de Araujo, 8 ans, avait disparu lors d’un mariage fin août 2017 dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin (Isère). Rapidement suspecté, Nordahl Lelandais avait nié pendant plusieurs mois avant d’avouer, en février 2018, avoir « involontairement » tué la fillette en lui portant des coups.

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Le Monde avec AFP

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