Acide, provocateur et hilarant. “Si on le regarde comme une caricature du monde actuel, il y a tout dans ce film.” Isabelle Danel s’en doutait: cette croisière délirante et sans complexe ne pouvait que lui plaire. Il fallait, tout de même, que la Cannoise jette un œil à cette satire jouissive des super-riches et du luxe digne de son nom, Sans Filtre (Triangle of Sadness), qui a raflé la Palme d’Or la veille.

Son point de vue? Excellent. “J’ai beaucoup suivi la cérémonie. Je m’attendais à quelque chose dans ce style, mais pas à ce point.”

Les premières scènes l’ont immédiatement subjuguée. “Les personnages ont tout pour être heureux. Ils sont tous les deux très beaux, riches. Malgré leur bonheur, l’argent gâche tout.”

De cette séance, à laquelle seuls les locaux ayant justifié leur domiciliation pour obtenir les précieux tickets ont pu assister, Isabelle Danel ne retiendra qu’un message: “Le bien matériel n’est que pacotille. Quand on fait disparaître la richesse, on perçoit bien d’autres choses…”

Portrait de la société

Sur le yacht de luxe, terminée la dolce vita. Même si les membres de l’équipage subsistent tant bien que mal aux caprices des milliardaires à bord, un orage s’abat sur leur confort. Transformé en véritable chaos. Les convives, aussi détestables les uns que les autres, souffrent du mal de mer et vomissent leurs tripes.

Après une nuit interminable pour certains, mortelle pour d’autres, quelques survivants échouent sur une île déserte. Soudain, les rôles s’inversent.

Les riches doivent se plier au savoir des pauvres pour survivre. La femme de ménage, “responsable des toilettes”, se nomme capitaine des rescapés. Voilà que milliardaires, influenceurs et employés doivent apprendre à vivre ensemble.

Cette œuvre décortiquant les ressorts de classe a abasourdi ce jeune couple, Ninon et Mario. Par son humour grinçant, surtout. “C’est un beau portrait de la société qu’on a trouvé très amusant, confient les deux spectateurs. Il y a énormément de troisième degré.”

Ce qu’ils ont le plus apprécié? Aucun sujet n’a été oublié.

Quand le mannequin Carl refuse de céder aux stéréotypes de genre, un des membres du personnel dénonce le racisme qu’il subit de la part d’un client russe, capitaliste assumé.

Une plongée sans filtre dans le monde actuel, donc. Malgré ses longueurs.

Trop long?

C’est en tout cas ce que pense Marie-France Bernard-Arnauld. “Bon, rester 2h30 dans une salle de cinéma… Il y a certaines scènes que l’on aurait pu couper. Sans elles, la compréhension de l’histoire serait restée la même.”

Une Cannoise octogénaire, cachée derrière ses lunettes rouge tapis, n’en pense pas moins. “C’était trop long! J’en avais marre d’être assise. a m’a gâché le plaisir.”

Heureusement que “l’on s’amuse bien le reste du temps, nuance Marie-France Arnauld. On passe un très bon moment devant ce film rempli d’humanité. C’est intéressant de voir le mode de survie de chacun, en fonction des caractères et des classes sociales.”

Cette traversée en bateau restera dans les esprits: “J’y réfléchirai à deux fois avant de repartir en mer avec mon mari.”

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