La crise sanitaire a favorisé une extension sans précédent du télétravail, révèle l’enquête TraCov, publiée aujourd’hui, par la Dares pour le ministère du Travail. Et elle a eu des répercussions sur les conditions de travail des salariés. En janvier 2021, 27% des salariés sont en télétravail, alors qu’ils n’étaient que 4% à le pratiquer en 2019. 80% des télétravailleurs en sont satisfaits… à ceci près qu’ils souhaitent en réduire l’intensité. Car le télétravail, ça use: sept télétravailleurs sur dix se plaignent des horaires décalés et à rallonge. Sans compter les douleurs et les troubles du sommeil… Un résultat tout à fait en ligne avec une précédente enquête de la… CGT.

Pour mieux comprendre les enjeux de cette pratique de plus en plus répandue, le ministère du travail a interrogé 5.220 salariés. De cette étude il ressort cinq catégories de télétravailleurs. Trois sont particulièrement intéressantes. Car ce sont elles qui ont vu leurs conditions de vie le plus changer.

Les utilisateurs les plus chevronnés du télétravail (“exclusifs” et “Intensifs”) sont aussi ceux qui souhaitent le pratiquer davantage. A l’inverse, les vulnérables y sont plutôt contraints par les conditions actuelles.

Ceux qui profitent du télétravail

D’abord, ceux qui ont plutôt profité de la mise en plus du télétravail. Ils font partie de deux groupes, les “exclusifs” (un quart des télétravailleurs) et les “intensifs” (30% des télétravailleurs). Les exclusifs méritent bien leur nom. Car ce sont plutôt des cadres franciliens hommes employés par de grandes entreprises: bien diplômés, familiarisés avec les outils à distance, ils pratiquaient déjà le télétravail avant la pandémie. Ils travaillent dans l’informatique, l’électricité et l’électronique, les banques et les assurances. Les intensifs pratiquent un télétravail compris entre un et quatre jours par semaine, en alternance avec des séjours sur site et il est surtout composé de cadres franciliens travaillant dans le privé, notamment dans la recherche, l’ingénierie et la communication pour l’industrie et le commerce. Pour ces deux catégories, la conciliation entre travail et vie personnelle est délicate, mais ils apprécient aussi de pouvoir mieux gérer leurs engagements personnels et familiaux.

Moins de télétravail souhaité par ceux qui y sont contraints par le Covid, plus par ceux qui le pratiquaient déjà avant la crise sanitaire

… et ceux qui souffrent du télétravail

A l’autre bout du spectre, il y a les “vulnérables” (17% des télétravailleurs). Ils télétravaillent eux aussi entre un et quatre jours par semaine mais multiplient les problèmes de connexion, d’applications numériques et de matériel. N’ayant que très peu d’expérience du télétravail avant la crise, ils ont du mal à se familiariser avec ses outils. Ils, ou plutôt elles (63%), travaillent surtout dans l’administration: enseignants, salariés de l’action sociale et de l’orientation et certaines professions médicales

Ils sont très touchés par l’augmentation de troubles du sommeil et musculo-squelettiques (comme les lombalgies ou les tendinopathies) en lien avec l’allongement de la durée du travail et sans doute la baisse de l’activité physique globale. 37% présentent même des symptômes dépressifs (seulement 23% pour l’ensemble des salariés) aggravés par les risques d’isolement liés aux mesures sanitaires.

Des conditions de travail (intensité, durée, horaires, objectifs…) qui se sont dégradées pour tous, mais qui sont particulièrement ressenties par les plus vulnérables…

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