EDITO

Avec le pass sanitaire en entreprise, l’une des questions qui va revenir en force dans les jours qui viennent est celle du télétravail. Certains pays, par exemple la Suisse, ont même rendu le télétravail obligatoire. Je ne suis pas sûr que du point de vue managérial et économique, que ce soit la bonne solution. Mais ce qu’il faut savoir en France, d’après l’institut de sondage Elabe, les derniers chiffres montrent que dans notre pays, quatre actifs sur dix ont un métier télétravaillable. C’est quand même beaucoup.

Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne

76 % des cadres peuvent télétravailler, un peu plus de 40% chez les professions intermédiaires et 37% des employés. En revanche, c’est seulement 9% pour les ouvriers. Alors ce que j’observe depuis quelques mois, c’est que les accords d’entreprise sur le télétravail, finalement, sont assez ambitieux. Beaucoup d’entreprises proposent à leurs salariés, pour les métiers de télétravail bien sûr, deux jours et demi de télétravail par semaine. Et ce que l’on voit là encore dans les enquêtes, c’est qu’aujourd’hui, on a près de 60% des salariés français qui télétravaillent occasionnellement. 

Pour que ça marche, il faut des conditions

Mais il y a des conditions pour que le télétravail marche. Première condition : il faut que ce soit facultatif parce qu’il y a des gens, notamment les plus jeunes, qui n’aiment pas télétravailler. Deuxième condition : il ne faut pas aller trop loin. On voit qu’au delà de deux jours et demi de télétravail par semaine, on a des pertes de motivation. Et puis, troisième condition : il faut un management adapté. Si l’idée de certains managers, c’est d’obliger les salariés qui télétravaillent à faire sept ou huit réunions zoom ou teams par jour, il est clair que ce n’est pas quelque chose qui peut fonctionner.

Un choc culturel dans la fonction publique

Du côté de la fonction publique, le télétravail progresse. Mais c’est long. Le choc culturel est encore plus important que dans le privé parce que le télétravail repose beaucoup sur la notion de confiance, qui n’est pas toujours présente dans la fonction publique. Une étude Ipsos, il y a quelques jours, montre que quatre fonctionnaires sur dix télétravaillent au moins occasionnellement. C’est moins que dans le privé. Le télétravail suppose un cadre managérial assez souple, qui est souvent absent des relations dans le public où les process sont encore pires que dans le privé. Et où le statut, notamment dans certaines entreprises publiques, rend difficile la négociation des accords du type télétravail.

Une compensation financière

Pour ceux qui ne peuvent pas télétravailler, il faut une compensation. Compensation financière. C’est souvent les fameux « première et deuxième ligne » dont on a beaucoup parlé au début de la crise. Cela explique le fait que certains ne puissent pas télétravailler. Ça explique aussi que le climat social soit plus tendu avec des revendications salariales inédites. Le télétravail, d’une certaine façon, va participer ou devrait participer de la revalorisation des bas salaires. 

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