Les accords sur le télétravail signés en 2020 montrent que les entreprises sont encore « prudentes » voire « réticentes », selon des données de l’Agence nationale de l’amélioration des conditions de travail (Anact).
Le télétravail est loin de faire l’unanimité au sein des entreprises. Au moment où la ministre du Travail, Élisabeth Borne, les appelle à « accélérer » le recours au travail à distance pour faire face au variant Omicron du Covid-19, l’Anact (Agence nationale de l’amélioration des conditions de travail) publie sur son site une analyse d’un échantillon de 40 accords collectifs signés en 2020, issus de la base statistique de la Dares.
Si la pandémie a amené les entreprises à signer de nombreux accords, l’approche choisie par les entreprises semble rester la prudence. Les exemples d’acords de télétravail généralisé, comme le propose Stellantis, restent peu nombreux.
De plus en plus d’accords signés en entreprise
Le télétravail fait ainsi l’objet d’un nombre d’accords croissant: 2.720 en 2021, selon les chiffres du ministère au 15 novembre, après 1.980 pour l’année 2020.
« A la suite du premier confinement lié au Covid, de nombreuses entreprises ont négocié leur premier accord de télétravail ou renégocié l’accord existant », notent les chercheurs de l’Anact.
Un Accord national interprofessionnel (ANI) du 6 novembre 2020 – « Pour une mise en oeuvre réussie du télétravail » – a proposé un cadre général, complétant et prolongeant un précédent ANI datant de 2005.
« Si ces textes marquent une augmentation depuis le début de la crise, la tendance à la hausse s’exprime depuis 2018 déjà (+30% annuel) alors que le télétravail n’est pas un thème de négociation obligatoire », relève l’Anact.
L’étude se penche sur la taille des entreprises concernées: 40% ont de 50 à 250 salariés, celles de moins de 50 salariés ou de 250 à 1.000 sont ensuite représentées à part équivalente (25% chacune) et 10% ont plus de 1.000 salariés. S’agissant des secteurs d’activité, en 2020, les plus représentés sont l’industrie manufacturière et les activités spécialisées scientifiques et techniques (16%), les activités financières et d’assurance (11%), l’automobile (11%), l’information et la communication (8%).
Un tiers des accords propose un jour maximum de télétravail
L’Anact dresse une typologie selon l’approche du télétravail qui transparaît dans les textes entre les « réticents », « prudents », « convaincus » et « expérimentateurs ».
Un tiers environ des accords étudiés propose un jour maximum de télétravail par semaine voire moins, et la moitié d’entre eux propose deux jours hebdomadaires maximum. Cela conduit « à penser que les accords de type « réticents » ou « prudents » restent majoritaires en 2020″.
S’appuyant sur les accords conclus dans les TPE-PME, les chercheurs estiment qu' »avant la crise, [c’était] souvent l’approche individuelle du télétravail qui était mise en oeuvre (…) avec une gestion au cas par cas des demandes », en lien avec des situations personnelles.
2020 et ses confinements marquent une évolution avec un télétravail appréhendé « comme la transposition des activités de bureau au domicile » mais pas encore perçu « comme une forme d’organisation du travail à part entière (…) mixant présentiel et distanciel ».
Interrogée dans l’étude, la syndicaliste Bénédicte Moutin, secrétaire confédérale CFDT chargée de la qualité de vie au travail, estime qu’en fonction de la « maturité » de l’entreprise, « on peut voir des accords qui étaient plutôt limitatifs basculer vers un « droit au télétravail » « , avec par exemple une « auto-planification des jours de télétravail par les télétravailleurs eux-mêmes ».
Source Google News – Cliquez pour lire l’article original