La deuxième saison du Jeu de la Dame pourrait bien se tourner début 2022 en Ile-de-France. Au programme un duel entre Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, avec au moins l’une d’elles qui finira mat. Depuis la désignation par les militants, le samedi 4 décembre, de la présidente de région comme candidate LR, elles sont à présent deux en Ile-de-France à briguer la mandature suprême tout en dirigeant les deux collectivités franciliennes les plus puissantes. De quoi accentuer les tensions sur les enjeux locaux ?

« Valérie Pécresse est très concentrée sur les enjeux régionaux, sans les nationaliser », rassure Nelly Garnier, n°2 sur la liste LR aux dernières régionales et également conseillère de Paris. De son côté Pierre Liscia, également conseiller régional LR, n’a pas peur d’en faire trop : « Avec Valérie [Pécresse], les affaires de la Région sont gérées d’une main de maître avec sérieux et rigueur. Les Franciliens peuvent dormir sur leurs deux oreilles. »

Le « référendum » sur le périphérique comme symbole

Et l’épisode de la consultation de la région sur le réaménagement du périphérique, ce n’était pas pour titiller Anne Hidalgo ? Pas du tout, promet Nelly Garnier, pour qui le conseil régional était dans son rôle car « beaucoup de Franciliens empruntent le périphérique ». Une version qui n’a pas convaincu Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo qui a répondu lors d’une conférence de presse, le 25 novembre : « Ce n’est pas du ressort de la région. […] C’est seulement l’annonce d’une candidate qui sert ses intérêts pour la primaire des Républicains. »

Agnès Evren, députée européenne LR et conseillère de Paris, concède que « par essence, le local devient un enjeu plus politique » et qu’il est possible que « les dossiers locaux soient un peu freinés par la présidentielle. » Néanmoins, les soutiens de Valérie Pécresse assurent que celle qui mélange enjeu local et national, c’est la maire de Paris. « Avec Anne Hidalgo, c’est une certitude, ça fait bien longtemps qu’elle ne se soucie plus des enjeux locaux, il n’y a qu’à voir l’état de Paris », balance Pierre Liscia. Tandis que pour Nelly Garnier, « la nationalisation des enjeux locaux, Anne Hidalgo le vit avec ses alliés verts. Elle ne tient pas sa majorité et les Parisiens sont pris en otage ».

Lassitude dans le camp Hidalgo

Une attaque à laquelle le camp de la maire de Paris est habitué. Dans son entourage, on reçoit les piques de la présidente de la région avec plus de lassitude que d’irritation. Un cadre du Parti socialiste décrit cette dernière comme « obsédée par la maire de Paris » : « Il y a une symbolique et une stature proche de celle d’un chef d’Etat qu’octroie Paris qui crée de la frustration chez Valérie Pécresse. » Pour preuve, ses soutiens avancent des attaques illégitimes du camp Pécresse : « Les élus LR nous accusent régulièrement sur des sujets comme la police, qui n’est pas de notre ressort, ou pire, sur les transports en commun qui sont la responsabilité de la région. »

Dans le camp d’Anne Hidalgo, on « sait » que Valérie Pécresse attaque la maire de Paris aussi pour camoufler son bilan. Rémi Féraud, sénateur PS et président du groupe Paris en commun du Conseil de Paris l’explique : « Elle ne veut pas qu’on lui demande pourquoi les transports sont une telle galère dans la région, pourquoi elle a abandonné les quartiers et les associations en banlieue, pourquoi elle soutient aussi peu la construction de logements alors que c’est un des principaux problèmes pour les Franciliens. » Pour le sénateur, la candidate LR a tout intérêt à faire oublier son mandat pour cette présidentielle. Elle fait son possible pour ramener Anne Hidalgo au sien.

Chacune de son côté et toutes contre Macron

Mais au-delà, un troisième acteur pourrait bien transformer ce duel en impasse mexicaine. « Les deux candidates ont un point commun, analyse Pierre-Yves Bournazel, conseiller LREM de Paris. Elles n’hésitent pas à utiliser les enjeux locaux pour dire que l’Etat, sous-entendu Emmanuel Macron, ne serait pas au rendez-vous. Sur les dossiers qu’elles portent, elles sont en conflit entre elles et avec l’Etat ». Car le « roi » à abattre est bien Emmanuel Macron, même s’il ne s’est pas encore officiellement déclaré.

D’ailleurs, confie-t-on dans l’entourage Valérie Pécresse : « L’enjeu, il n’est pas face à une candidate qui est à 4 ou 5 % dans les sondages… » Rémi Féraud voit les choses autrement. Pour lui Valérie Pécresse sait désormais que les voix à prendre et ses adversaires ne sont plus à gauche : « Maintenant, son sujet, c’est Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Eric Zemmour. Elle ne peut plus se positionner en fonction d’Anne Hidalgo. » De son côté, celle-ci porte toute son attention à gauche, comme l’a montré sa proposition de primaire ouverte. Un désintérêt réciproque qui pourrait calmer le jeu, pour quelque temps, entre les deux élues les plus importantes d’Ile-de-France.

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