Le candidat et l’ancienne députée RN s’affichent main dans la main pour l’affiche officielle de Reconquête. La manœuvre permet à l’ancien journaliste d’envoyer des signaux à l’électorat LR et RN. La jeune femme fait cependant déjà entendre sa différence.

Une affiche au goût inédit. Alors qu’Éric Zemmour dévoilera ce mardi soir son visuel de campagne, celui-ci le montrera tout sourire aux côtés de Marion Maréchal. C’est la première fois dans cette campagne qu’un candidat s’affiche ainsi aux côtés de l’une de ses soutiens, une décision qui ne doit bien sûr rien au hasard.

L’arrivée de l’ancienne députée RN du Vaucluse, officialisée le 6 mars dernier lors d’un meeting à Toulon, devait avoir un effet éclair sur les sondages pour l’ancien journaliste. Peine perdue. En difficulté depuis plusieurs semaines, il stagne toujours autour des 10% d’intentions de vote.

Pas d’effet Maréchal dans les sondages

“Quand elle va nous rejoindre, ça va nous faire un effet Bayrou”, se réjouissait pourtant un proche du candidat auprès de BFMTV. com début mars.

Après le soutien du patron du MoDem au candidat Emmanuel Macron en 2017, le futur président avait en effet gagné 5 points dans les sondages les jours suivants.

Mais le contexte est cette fois-ci bien différent, d’abord parce que ce ralliement est passé relativement inaperçu, quelques jours après le début de la guerre en Ukraine. Il n’a pas non plus été diffusé à la télévision parce qu’Éric Zemmour avait dépassé le temps de parole qui lui était alloué par les règles de l’Arcom (ex-CSA).

“Un vrai coup politique”

Le parti a donc décidé de passer à la vitesse supérieure en mettant plus amplement en scène ce soutien via cette affiche qui utilise une photo prise lors du meeting.

“Marion Maréchal et Eric Zemmour ensemble, c’est un vrai coup politique. Ça nous permet de parler à la fois à la fois aux électeurs LR et RN qui l’apprécient, c’est extrêmement précieux”, explique Stanislas Rigault, le porte-parole de la campagne, auprès de BFMTV.com.

Ce visuel vise également à améliorer l’image de l’ex-éditorialiste dans l’électorat féminin. “Il est de tous les candidats celui qui connaît la plus forte désaffection du vote des femmes”, souligne une étude de la Fondation Jean Jaurès publiée fin octobre. L’ancien journaliste tient d’ailleurs régulièrement des propos polémiques sur les femmes et le féminisme.

Un soutien très à droite

Le diagnostic laisse cependant dubitatif l’historien de l’extrême droite Christophe Bourseiller.

“Il l’utilise sachant que ça le renvoie à nouveau aux marges de la droite, assez loin des LR. Le parti aurait préféré se mettre en scène avec Éric Ciotti et Laurent Wauquiez mais comme ils ne devraient pas rejoindre le candidat, le parti a fait avec ce qu’il pouvait”, nous explique l’universitaire.

Du côté du Rassemblement national, on minimise tout autant ce soutien alors que Marion Maréchal a été élue à l’Assemblée nationale pendant 5 ans sous les couleurs du parti de Marine Le Pen.

“Tout ceci n’aura aucun impact sur sa campagne. Son poids électoral est proche de 0%. Et je souhaite bonne chance à Zemmour parce qu’elle va sûrement rapidement claquer la porte”, analyse un député du RN auprès de BFMTV.com.

Marion Maréchal joue déjà sa propre partition

S’il n’est pas question de départ quelques jours après son soutien, Marion Maréchal sait cependant faire entendre sa différence. L’ancienne parlementaire a pris ses distances avec la proposition du candidat d’interdire les prénoms d’origine étrangère pour les futures naissances.

“Son analyse sociologique est juste. Les prénoms sont une manifestation de l’évolution culturelle d’un pays. De là à transformer ça en programme politique, il est évident que, même si je comprends l’objectif, je ne suis pas dans cette démarche”, a souligné la nièce de Marine Le Pen dans le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI ce dimanche.

De quoi faire déjà battre de l’aile le duo?

“Ce sont deux générations différentes, ils ont des façons différentes de s’exprimer. C’est évident que les personnalités qui nous rejoignent ne sont pas forcément d’accord avec nous sur tout. L’essentiel, c’est que nous soyons d’accord sur le fond des idées. Je sais que Marion Maréchal partage 90% de notre programme”, assure Stanislas Rigault.

2027 en toile de fond

Certains sur les bancs de Reconquête ont en tout cas remarqué que l’ex-députée ne semblait pas jeter toutes ses forces dans les législatives, l’étape d’après la présidentielle.

“Dans nos institutions, penser les législatives sans penser la présidentielle, c’est absurde. Je ne peux donc pas répondre aujourd’hui pour dire que je serai candidate ou pas”, a expliqué l’ancienne élue au micro de CNEWS le 10 mars dernier. Comprendre: elle ne cherchera pas à redevenir parlementaire si son candidat fait un score décevant.

Une façon de ne pas abîmer son capital politique dans une bataille qu’elle juge perdue et de préparer la suite? En 2027, Marion Maréchal n’aura que 37 ans.

Marie-Pierre Bourgeois

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