Prendre la plume en période de crise, qu’elle soit politique, familiale ou professionnelle, est un exercice à haut risque. Une fois les paroles figées, l’écrit peut devenir une sorte de muraille infranchissable, traduisant l’impossibilité de se communiquer et de se comprendre.

Emmanuel Macron a évidemment parié sur l’hypothèse inverse. Comme si les Français qui le contestent – voire qui exigent aujourd’hui sa démission – étaient encore en attente de son message et d’une main tendue. Comme si les mots pouvaient, une fois posés avec calme et sérénité sur le papier à l’Elysée, devenir un calmant et un tranquillisant démocratique, Alors que, scandés dans la rue, ces mêmes mots – “égalité”, par exemple – soufflent sur les braises de la révolte… Une volonté à saluer.

La “lettre aux Français” d’Emmanuel Macron a de ce point de vue de quoi laisser perplexe. La langue présidentielle française est limpide. Les problèmes sont ordonnés les uns après les autres. L’exposé est sérieux. Le diagnostic sur la France est bien dressé, digne – ricaneront les “gilets jaunes” – d’un énarque sorti parmi les premiers de sa promotion. Mieux : la volonté de transformer la France pour la moderniser reste louable et elle mérite d’être saluée.

Et après? Quoi de neuf par rapport aux précédentes interventions télévisées du président ou de son premier ministre? Et pourquoi, dans la forme, avoir choisi de faire si long et, parfois, si alambiqué? Même si l’affirmation centrale est qu’il n’y aura pas de “questions interdites” lors du grand débat national, l’impression est inverse lorsqu’on finit de parcourir le texte. L’attractivité fiscale de la France – qui se défend économiquement, mais dont les “gilets jaunes” se moquent – ne pourra ainsi pas être remise en cause. D’autant que le cap, logiquement posé, s’annonce difficile à tenir : comment faire pour que ce débat ne soit “ni une élection ni un référendum” alors que quelques semaines après sa conclusion (le 15 mars), un scrutin-sanction aura bien lieu : celui des européennes le 26 mai, des élections assurées déjà de se transformer en scrutin “pour ou contre Macron”.

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