La Cnil profite du bilan de l’année 2021 pour présenter les enjeux de 2022. Parmi eux : surveiller les moyens de surveillance que les employeurs mettent en place pour leurs salariés en télétravail et lutter contre les potentielles dérives.
Comme chaque année, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a rendu son rapport sur ce qui l’a occupée en 2021, et les enjeux de l’année 2022. Y figurent la prévention contre les cyberattaques, la lutte pour les données personnelles et la surveillance au travail, ce dernier point représentant le “troisième motif de plainte auprès de la Cnil“.
Enregistreur de frappe, obligation d’être en visio
Avant la pandémie de coronavirus, le télétravail s’est démocratisé dans de nombreuses entreprises en raison des conditions sanitaires. En moyenne, d’après l’INSEE, un salarié sur cinq a télé-travaillé en 2021. Avec la levée progressive des restrictions, la pratique a reculée mais des milliers de français continuent à télé-travailler un ou plusieurs jours par semaine. Sauf que parfois, sous prétexte de vérifier que les salariés travaillent, les employeurs dépassent les limites. “On a par exemple constaté qu’il y avait parfois des enregistreurs de frappe sur le clavier” explique Marie-Laure Denis, présidente de la Cnil.
Nous allons en faire une thématique prioritaire pour nous assurer que ces pratiques, dont l’essor est très important, soient le plus vertueuses possible
Elle assure également que la commission doit parfois intervenir “pour expliquer que non, un employeur ne peut pas exiger par exemple d’un salarié qu’il active sa caméra en permanence à l’occasion d’une visioconférence”. Des pratiques qui, dans la précipitation de la mise en place du télétravail au début du Covid-19, doivent maintenant être ré-appréhendées si besoin précise la Cnil. Des situations constatées également au sein des entreprises. En 2021, 83% des plaintes relatives à la surveillance des salariés concernaient des dispositifs de vidéo-surveillance au travail.
Des dérives que la commission a également dû stopper dans plusieurs grandes écoles et universités françaises à l’occasion d’examens en ligne. Certaines, par exemple, ont décidé d’avoir recours à la télésurveillance. “On peut comprendre que ces établissement veuillent lutter contre la fraude, mais les pratiques mises en œuvre ne doivent pas être intrusives” insiste Marie-Laure Denis.
En 2021, la Cnil a reçu un total de 14 143 plaintes, un chiffre qui reste stable depuis 2019. Une grande partie d’entre elles concernent des sujets du quotidien et du numérique. Internet et les télécoms représentent par exemple 30% des plaintes déposées, suivies par des plaintes pour des problèmes commerciaux (21%).
Une autre mission va occuper la Cnil cette année, elle concerne les collectes de données personnelles quand on installe une application sur son smartphone. “Face à l’opacité des technologies et à l’hétérogénéité des pratiques”, la commission veut que la vie privée des utilisateurs soit mieux protégée. Par exemple, il est aujourd’hui possible qu’une application pour avoir la météo revende les données de géolocalisation sans que l’utilisateur soit au courant.
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