Si printemps rime généralement avec retour du beau temps, c’est aussi la saison de la fatidique déclaration d’impôts.

Bien que cette année, la campagne a eu du mal à démarrer -les services en ligne ayant été rendus indisponibles le temps d’un week-end pour corriger des “écarts dans le pré-remplissage”, comme l’indiquait la Direction générale des Finances publiques (DGFiP) dans un communiqué publié le 8 avril – vous pouvez déclarer vos revenus de 2021 sur la plateforme impots.gouv.fr, depuis lundi 11 avril 2022.

Petit rappel : les dates butoirs divergent selon votre lieu de résidence. Ainsi, vous pouvez compléter votre déclaration jusqu’au 24 mai pour les départements de 01 à 19, jusqu’au 31 mai pour ceux de 20 à 54 et jusqu’au 8 juin pour les territoires français restants. À noter que, les déclarations papier, doivent elles être envoyées avant le 19 mai prochain.

Peu de gens le savent mais certains frais de dépenses liés au télétravail sont défiscalisables. Le gouvernement – face à la recrudescence de télétravail entraînée par la crise sanitaire – avait publié un document en 2021 expliquant quels étaient les frais concernés, et comment procéder pour bénéficier de cette défiscalisation ?

On fait le point avec Maître Cécile Charpy, avocate fiscaliste à Versailles

Marie-Claire : Quels sont les frais de télétravail déductibles ? 

Me Cécile Charpy : “Il n’existe pas de liste officielle, toutefois on peut se reporter au cerfa 2047 GP relatif aux allocations pour frais d’emploi, pour avoir quelques exemples. 

Un postulat de départ est que les dépenses doivent être liées à la situation de télétravail et avoir été rendues nécessaires du fait de cette situation.

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Ainsi, on peut déduire au titre des frais réels liés au télétravail : les frais de communication (internet, téléphone fixe), les frais de téléphone portable, les dépenses de mobilier et de matériel informatique, les frais de fournitures et d’imprimés (cartouches d’encre, papier), les frais de déplacement, les frais liés à l’utilisation d’un local privé. 

En revanche, ne sont pas admis les frais de repas ainsi que les frais de garde d’enfants.

La difficulté sera de ventiler l’usage professionnel de l’usage privé. Pour un local, il est possible d’utiliser un prorata de surface, mais quid du matériel ? Faut-il appliquer un prorata au temps passé en télétravail ? La doctrine administrative n’apporte pas de précision sur ce point.

Comment faire figurer cette déduction sur ma déclaration d’impôts ?

Comme pour les frais réels ‘classiques’, vous devez choisir entre la déduction des frais réels ou le forfait de 10% plafonné à 12 829 €.

Il convient de noter que si vous percevez une allocation de votre employeur, liée au télétravail, elle ne sera pas soumise à l’impôt sur le revenu, dans la limite de 2,5€ par jour de télétravail avec un maximum de 55 € par mois et de 580 € par an. Cette exonération s’applique si vous utilisez le forfait de 10%.

En revanche, l’exonération de l’allocation versée par votre employeur ne s’appliquera pas si vous optez pour les frais réels.

Il conviendra aussi de faire attention à la rémunération qui se reportera sur votre déclaration en ligne 1 AJ ou 1 BJ . En principe, elle ne devrait pas intégrer l’allocation qui a dû être ventilée par votre employeur, mais il serait bon de le vérifier.

En conséquence, si vous optez pour les frais réels, il faudra modifier le montant pré-renseigné, pour ajouter l’allocation versée par votre employeur qui devient imposable.

Pour la déduction des frais réels, vous pouvez déduire les frais indiqués dans la première question, avec toutefois une limite à 500 € pour le matériel. Ainsi pour l’achat d’un ordinateur de plus de 500 €, il faudra amortir (étaler) la déduction sur plusieurs années, jusqu’à 3 ans.

Les frais réels peuvent être ‘forfaitisés’, un peu comme pour les indemnités kilométriques. Ce forfait est plafonné de la même façon que l’exonération de l’allocation versée par l’employeur soit 2,5€ par jour de télétravail ou 55 € par mois, ou encore 580 € par an.

Entre l’abattement de 10% et la déduction des frais réels, qu’est-ce qui est le plus avantageux ? 

Si vous n’avez pas de frais spécifiques particuliers, la déduction de 10% plafonnée à 12 829 € sera plus avantageuse que la déduction des 580 € par an de frais réel ‘forfaitisés’, surtout si vous avez perçu une allocation de votre employeur.

La défiscalisation du télétravail concerne-t-elle tou.tes les salarié.es ? 

Il n’y a pas de quota de jours de télétravail, aussi dès lors que votre employeur a mis en place le télétravail, vous êtes concerné par la fiscalité afférente.

Y a-t-il des justificatifs à apporter ?

Dans le cas de l’application du forfait de 10%, vous n’avez aucun justificatif à apporter. Pour rappel, si vous n’indiquez aucun montant de frais réels sur votre déclaration, c’est le forfait de 10% qui s’applique de façon automatique, vous n’avez rien à faire de particulier.

À l’inverse, si vous optez pour les frais réels, vous devez être en mesure de justifier les dépenses.

Vous n’avez pas à communiquer les justificatifs lors du dépôt de la déclaration, mais vous devez les conserver pour pouvoir les communiquer en cas de contrôle. L’administration fiscale pouvant revenir sur vos déclarations des trois dernières années, vous devez conserver vos justificatifs pendant 3 ans.

Concernant la proportion des dépenses qui se rapporte au télétravail, il est important d’être cohérent dans votre méthode de calcul.


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