19h40 , le 2 avril 2022

Marine Le Pen peut être élue présidente de la République. Il est minuit moins une. Impossible d’affirmer que ce n’était pas prévisible. Voilà des années que j’alerte et que je combats. En 2014, alors Premier ministre, j’ai averti que l’extrême droite était aux portes du pouvoir. Aux responsabilités, je l’ai combattue durement. Voici un an, dans Pas une goutte de sang français, je prévenais que l’élection de Marine Le Pen en 2022 était possible. Il y a peu, je soulignais, dans Zemmour l’antirépublicain
, combien le polémiste pouvait la renforcer pour le second tour.

Autant d’avertissements hélas transfigurés en réalité. Marine Le Pen a remporté son match avec Éric Zemmour. Elle l’a instrumentalisé comme un repoussoir pour rendre son discours plus acceptable. Elle en sort plus modérée et raisonnable au regard des excès de l’ancien journaliste, qui a réussi cependant à diffuser son poison dans la société. En raison de la lâcheté de certains et de la naïveté de beaucoup, elle est définitivement dédiabolisée.

Son accession au second tour représente cette fois un véritable risque. Marine Le Pen bénéficiera en effet d’une dynamique considérable contrairement à 2017 : ralliement clair de candidats battus ; relativisme de la comparaison, aussi bien avec Zemmour qu’avec elle-même lors du dernier débat d’entre-deux-tours ; report d’une large partie des voix de Jean-Luc Mélenchon, car le populisme est davantage sensible à la démagogie qu’à la frontière droite-gauche ou aux risques de l’extrême droite ; seconde vague de dégagisme, qui va tenter de sortir de l’Élysée celui que la première vague y avait installé ; enfin, lâcheté d’une partie de la classe politique, notamment à droite, qui jouera les Ponce Pilate, voire les pyromanes.

Dire qu’elle peut gagner ne suffit pas. Il s’agit de se battre

Avoir fonction de Cassandre ne m’amuse guère, et me limiter à des avertissements ne m’intéresse pas. Dire « Marine Le Pen peut gagner » à tout bout de champ ne suffit pas. Il s’agit de se battre, de ne pas se résigner, de sortir de la banalisation.

Déchirons le voile de l’incompétence et de l’extrémisme. Marine Le Pen n’a aucune vision pour la France. Elle n’incarne que le populisme et l’électoralisme, perdue dans ses contradictions, ses revirements et ses sophismes. Ses modèles politiques – Trump, Orbán ou Poutine – nous éclairent sur le mode de gouvernement autoritaire qui serait le sien. Sur le plan international, les risques de la sortie du commandement intégré de l’Otan ou d’une alliance avec la Russie sont éclairés par l’actualité. Elle a beau avoir retiré la sortie de l’UE de son programme, sa volonté d’affirmer la primauté du droit national sur le droit européen en toute matière la provoquerait de fait. Son programme économique, ses dizaines de milliards d’euros de dépenses inconsidérées auxquelles ne répondent que très peu d’économies crédibles illustrent la persistance de son incompétence et conduiraient la France à la ruine et les Français au déclassement.

Enfin, six mois passés à faussement adoucir son discours ne peuvent pas faire oublier des décennies à diviser, à stigmatiser et à signaler l’étranger comme un ennemi. Au large reliquat d’extrémistes qui demeure dans son parti s’ajoutera le retour au bercail de ceux qu’elle qualifie elle-même de « nazis ». L’alliance terrible, le tandem, entre son parti raciste, fondé par l’antisémite Jean-Marie Le Pen, et le mouvement du révisionniste Zemmour, qui réhabilite Pétain, ne peut constituer un horizon politique pour ce grand pays qu’est la France.

Le président Macron est le seul recours possible

Face à ce danger, beaucoup dansent sur un volcan, polémiquant pour grappiller un point ici ou là et « jouer l’après ». Ils n’ont rien compris à l’enjeu.

Une élection présidentielle, c’est le choix du destin d’un pays. À chaque fois que l’extrême droite y a été mêlée, ce fut pour le pire. La priorité est donc de l’en écarter. Le président Macron est à la hauteur sur les choix essentiels – Europe, nucléaire, défense, cohésion républicaine, compétitivité économique… – et, pour affronter les crises, il est le seul recours possible. Les républicains de tous bords doivent aujourd’hui faire bloc derrière lui. Demain, il leur appartiendra de travailler ensemble au sein d’une large union nationale pour relever les défis de notre époque, améliorer la vie des Français et répondre à leurs difficultés.

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