Publié le 26 janv. 2022 à 13:01Mis à jour le 26 janv. 2022 à 14:00
C’est une histoire vieille comme la Ve République. Dans l’imaginaire gaullien, et donc tout particulièrement à droite, l’élection présidentielle reste « la rencontre entre un peuple et un homme » – ou, en l’espèce, espèrent Les Républicains, une femme. Valérie Pécresse ne l’ignore pas, qui tente tant bien que mal de fendre l’armure pour montrer aux Français l’humain derrière la politique. Par petites touches.
Au lendemain de sa victoire au congrès LR , la candidate posait dans « Paris Match » avec son mari et ses enfants. Le week-end dernier, elle s’est livrée, dans « Le Figaro madame », sur « les femmes de sa vie », un long article dans lequel sa fille relève qu’« on est plutôt marrant dans la famille ». Et elle vient de lancer une série de podcasts dans lesquels « Valérie raconte Pécresse », le premier étant consacré à son intérêt pour la Russie et à ses expériences dans un camp de jeunesses communistes puis à l’ambassade de France à Moscou.
« De l’empathie »
Il s’agit pour l’actuelle présidente de la région Ile-de-France d’atténuer une image encore perçue comme très parisienne, un peu raide et techno, celle d’une femme bardée de diplômes, née à Neuilly et élue à Versailles. De donner plus de chair à son profil présidentiel. « On ne me connaît pas toujours », soulignait-elle déjà en 2019, dans son livre « Et c’est cela qui changea tout » (Robert Laffont). Selon un récent sondage Elabe, 55 % des Français la trouvent « dynamique » et « courageuse », mais 49 % la disent « arrogante ». Et seuls 30 % la pensent « proche de leurs préoccupations ».
Les efforts engagés sont jugés insuffisants par une partie de ses soutiens, qui la pressent de « se débrider totalement » pour « se livrer telle qu’elle est ». « Il faut qu’elle lâche prise, qu’elle sorte des sentiers battus, qu’elle montre de l’empathie et même de l’amour », plaide l’un d’eux, l’exhortant à « faire tomber les murs » et à « y aller à fond ». Dans un contexte de rejet des politiques, « c’est la sincérité qui permettra d’embarquer les électeurs », poursuit-il, souhaitant aussi qu’elle joue « l’apaisement face à un Zemmour qui clive et un président de la République qui parle d’« emmerder » une partie des Français ».
« Il y a urgence à fendre totalement l’armure. Elle n’a pas décollé le Scotch de la bourgeoise parisienne. Quelqu’un qui va voter pour elle m’a dit qu’il ne lui manquait que le sac Vuitton et le petit chien dedans ! », raconte un autre, la pressant de ne plus mentionner l’Ile-de-France « toutes les deux phrases » et d’« arrêter de s’afficher avec les vieux de la vieille ». Voir Nadine Morano à ses côtés, ainsi qu’E ric Ciotti et Michel Barnier lors de sa visite en Grèce en a fait s’étrangler plus d’un, tant « ça la renvoie au passé ».
Quadrature du cercle
Sauf que la tâche est complexe. Valérie Pécresse n’a pas seulement eu besoin, du moins jusqu’à présent, de donner corps au rassemblement de la droite . Elle est surtout contrainte d’égrainer des mesures détaillées pour démontrer qu’elle est crédible et prête à « exercer le pouvoir ». Quant à ses références à sa région, elles lui permettent d’appuyer sa posture de « dame de faire » , alors que la droite se voit souvent reprocher de ne pas avoir fait ou de ne pas être allée jusqu’au bout. « La clef, c’est le fond. Valérie Pécresse a les idées les plus créatrices. Nous privilégions l’authenticité », plaide le maire de Clamart (Hauts-de-Seine), Jean-Didier Berger, un de ses fidèles.
Toute la difficulté est de corriger son image sans apparaître insincère. Et de prendre des risques sans faire de faute. Elle a réussi son passage dans l’émission de BFMTV « La France dans les yeux » (qu’elle a choisi de faire en Corrèze), notamment sa mise au point face à un Jean-Jacques Bourdin tétanisé, visé par une plainte pour soupçons d’agression sexuelle (« La loi du silence, c’est fini »). Sa prestation dans « Une ambition intime » sur M6 en fin d’année dernière, avait en revanche été jugée moins réussie, de l’aveu de parlementaires LR, que celle de Marine Le Pen . « Pas facile de passer sur le divan… », avait-elle soupiré.
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