l’essentiel Faute d’une domiciliation postale vieille d’au moins six mois, Christophe Patarin, 47 ans, n’a pas pu s’inscrire sur les listes électorales. Lui qui vit en “nomade”, il est devenu SDF avec un mois de retard, ironise-t-il.  “Je ne suis plus un citoyen”, s’insurge-t-il.

Son camion Iveco aménagé couleur ciel lui sert de maison roulante depuis plusieurs années… même s’il ne roule pas beaucoup. Christophe Patarin, 47 ans, chauffeur routier international de profession, en a fait sa résidence principale, un domicile stationné chez un particulier bienveillant, aux limites de Carcassonne. “Jusqu’ici, il me fournissait une adresse, et une attestation d’hébergement, reprend le quadragénaire. Mais, j’ai perdu mon travail à la suite d’un conflit avec un employeur qui ne respectait pas le Code du travail (1). J’ai dû alors demander le RSA, et pour cela, il faut une domiciliation postale”. Le jeu de dominos se poursuit : pour s’inscrire sur les listes électorales, il faut encore que cette domiciliation soit vieille de six mois…

“Je suis devenu SDF un mois trop tard”

“Moi, je l’ai faite en novembre… Si je l’avais faite en octobre, il n’y avait pas de problème. Je suis devenu SDF avec un mois de retard, vraiment désolé”, ironise, avec amertume et colère, Christophe Patarin. Sa domiciliation postale n’a que cinq mois. Le service des élections de la mairie de Carcassonne n’a donc pas pu l’inscrire.

Mais Christophe Patarin a décidé de ne pas se laisser faire. “J’ai sollicité des élus, j’ai appelé le conseil départemental, j’ai envoyé un mail au sénateur, et même au président de la République”, énumère-t-il. Cette dernière démarche a porté ses fruits : voici trois jours, la préfecture lui a adressé une demande de renseignements, de l’adresse de son bureau de vote à l’état de son casier judiciaire, “qui est vierge”, précise le chauffeur routier, qui digère très mal cette situation. “Je suis quelqu’un de travailleur, souligne-t-il. Ma vie, je la vois avec un travail. Si je vis dans un camion, ce n’est pas un choix. Bien sûr, il y a des aspects qui me plaisent, mais j’aimerais vraiment avoir un vrai travail salarié, un employeur correct, et un appartement”.

“C’est discriminatoire”

Pour lui, la décision de ne pas l’inscrire sur les listes électorales est discriminatoire : “Pour s’inscrire sur les listes électorales, rappelle-t-il, il suffit de présenter une facture de moins de trois mois. Pour un SDF, il faut apporter une domiciliation postale d’au moins six mois. C’est deux poids, deux mesures. À quoi me sert ma carte d’identité ? Uniquement à toucher les allocations sociales ? Est-ce que je suis encore un citoyen de ce pays ? Je connais beaucoup de difficultés, mais ça, c’est vraiment insupportable”.

Pas seulement une affaire de bulletins de vote, une question de dignité, avant tout.

(1) Le salarié l’a attaqué devant le tribunal des prud’hommes, et a gagné son procès. Son employeur ne lui avait pas fourni de contrat de travail.

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