Alors que le prix du carburant atteint des records, dans le Puy-de-Dôme, la CFDT milite pour un recours au télétravail et à la semaine de 4 jours pour limiter les trajets domicile-travail. Des propositions qui ne font pas l’unanimité.

Vous n’avez pas pu y échapper. Le prix du carburant bat des records jour après jour. La guerre en Ukraine a des conséquences sur l’économie en France et sur le pouvoir d’achat. Partant de ce constat, la CFDT interco du Puy-de-Dôme a adressé jeudi 10 mars un courrier à tous les élus du département : le syndicat propose le recours à la semaine de 4 jours et le renforcement du télétravail. Sébastien Duchet, secrétaire général CFDT interco 63 s’en explique : « La hausse des coûts et notamment de l’essence préoccupe beaucoup de personnes. La situation est intenable. Par exemple, les aides à domicile font beaucoup de route avec leur véhicule et auront droit à l’augmentation des frais kilométriques. Mais ça ne va pas être suffisant. Il y a aussi tous ces agents qui habitent à la campagne et pour qui la situation n’est plus possible. Ils ne peuvent pas arriver à vivre de leur salaire dignement. Je ne sais pas comment les gens vont faire pour arriver à manger. Il faut qu’il y ait une réflexion globale. Avec le COVID on nous a demandé d’avoir plus d’autonomie. Mais dans les collectivités, on voit que le télétravail n’est pas toujours appliqué. Parfois cela ne concerne que les cadres ».

Pour le syndicaliste, une réelle prise de conscience est nécessaire : « On a su faire pendant le COVID. Il faudrait peut-être s’y mettre pour cette crise, au moins un temps. Il faut repenser le travail et encourager le télétravail. Cela ne marche pas pour tous les métiers. De plus, la semaine de quatre jours est une vraie proposition. Cela permet d’assurer la continuité d’un service public de qualité. A chaque fois c’est pareil, il faut qu’on soit confronté à un problème pour qu’il y ait une réaction. On parle de ces sujets depuis plus de 5 ans. De plus, tout augmente, mais pas les salaires des fonctionnaires. Le gel du point d’indice est toujours là ».

Claude Vincent, président du MEDEF du Puy-de-Dôme, n’est pas hostile à ces propositions. Il indique : « On a signé un accord sur le télétravail qui permet d’être très évolutif. On peut reproposer le télétravail comme on veut. Il s’agit d’un accord d’entreprise national. C’est une question d’acceptation des salariés et des employeurs. J’en n’ai pas encore beaucoup entendu parler dans les entreprises mais cela ne veut pas dire que cela ne va pas venir ». Il poursuit : « La mise en place de la semaine de 4 jours est plus compliquée. Il y a déjà des entreprises qui y sont passées. Mais c’est difficile. Peut-être que la situation actuelle va accélérer les choses. On n’est pas fermés sur le sujet. Il s’agit de complètement réorganiser le travail et cela ne se fait pas en claquant des doigts. Le bâtiment le fait déjà depuis des années car faire 35 heures en 4 jours leur va très bien ». Claude Vincent souligne que des augmentations de salaire ont déjà eu lieu dans plusieurs secteurs : « Toutes les entreprises ont passé une année 2021 plutôt correcte. Vu les problèmes de main-d’œuvre, beaucoup ont augmenté les salaires. Les augmentations de salaire ont été données. Ce n’est sans doute jamais assez pour les syndicats de salariés. Par exemple dans le secteur des transports, les salaires ont augmenté entre 3 et 4 %. C’est beaucoup d’un coup. Il faut attendre le plan du gouvernement pour voir les aides qui vont être apportées, sachant que les entreprises souffrent beaucoup ».

Les mesures proposées par la CFDT ne font pas l’unanimité au sein des autres syndicats. Frédéric Bochard, secrétaire départemental FO du Puy-de-Dôme, précise : « Ce que propose la CFDT, ce sont des mesures d’accompagnement de la hausse des carburants. Cela n’empêche pas la hausse des carburants. Quand il y a une augmentation des prix, il faut augmenter les salaires. Quand j’entends parler de télétravail, cela me hérisse. Une étude de l’INSEE a montré que 20 % des salariés avaient pu télétravailler dans la dernière période. Cela veut dire que 80 % des salariés ne le peuvent pas et par conséquent ils sont obligés de prendre leur voiture, soit pour aller travailler, soit pour travailler tout court ». Selon Frédéric Bochard, il faut prendre des mesures bien plus radicales : « L’Etat peut agir. Les profiteurs de guerre se gavent sur le dos des travailleurs et des peuples. Nous proposons de bloquer le prix du carburant à 1,50 euro ». Le secrétaire départemental FO insiste : « Du fait des négociations annuelles obligatoires, il y a eu quelques augmentations de salaires. Mais dans certaines entreprises, il y a eu des grèves car les augmentations de salaire se situent toujours dans la modération salariale. C’est toujours entre 2 et 3 % d’augmentation, voire moins, alors que l’inflation est à plus de 3 %. Cela ne nous convient pas. Il y a aussi un très gros employeur qui s’appelle l’Etat, avec 35 000 fonctionnaires dans le département. Ces personnes n’ont pas été augmentées depuis 2000, à part une misérable augmentation en 2016. Il faut vraiment qu’on discute des salaires ».

Du côté de la CGT, d’autres revendications sont formulées. Ghislain Dugourd, secrétaire départemental CGT du Puy-de-Dôme, explique : « On demande des augmentations générales de salaire et le dégel du point d’indice dans la fonction publique. On veut un SMIC à 2 000 euros brut, une revalorisation de tous les salaires dans le public et le privé, une revalorisation des pensions. Il faut que les augmentations de salaire prennent en compte les niveaux de qualification et l’expérience professionnelle ». Le représentant syndical commente les propositions de la CFDT : « Cela fait un moment que l’on revendique la semaine de 4 jours et l’abaissement du temps de travail à 32 heures. C’est bien que la CFDT se réveille quand il y a une augmentation du coût de la vie ». Il se montre frileux au sujet de l’accord national sur le télétravail : « On n’a pas signé la négociation nationale sur le télétravail car la CGT a  considéré que le texte n’encadrait pas suffisamment les conditions de mise en télétravail des salariés et n’assurait pas des moyens assez conséquents pour avoir de bonnes conditions de travail ». Afin de défendre le pouvoir d’achat des salariés et de demander une hausse des salaires, la CGT appelle à la mobilisation le jeudi 17 mars.

Vendredi 11 mars, le Conseil départemental du Puy-de-Dôme a voté une enveloppe exceptionnelle de 1 250 000 euros en session publique : 1 150 000 euros sont dédiés à un coup de pouce énergie afin de faire face à la montée du prix du carburant, à destination des personnels des services à domicile, assistants familiaux et agents du Département devant se déplacer professionnellement avec leur véhicule personnel. Cela représente un chèque énergie unique de 100 euros nets par personne.

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