Les bureaux vont-ils devenir des trottinettes comme les autres ? L’épidémie de Covid-19 a revu en profondeur les habitudes de travail. Pendant les différents confinements, beaucoup ont découvert le télétravail. Après le nomadisme pour certaines professions, et l’apparition du flex office depuis une décennie et les espaces de coworking, le monde des emplois « de bureau » continue d’évoluer.

Malgré cette diversité, il est parfois difficile de s’isoler pour passer un appel, faire un point entre collaborateurs et simplement se concentrer. Pour répondre à ces problématiques, de nouvelles solutions de bureaux « à la demande » commencent à fleurir à Paris et en Île-de-France. « Dans mon ancien emploi de conseil, je me déplaçais souvent, et j’étais toujours à la recherche d’un endroit pour passer des coups de fil au calme », raconte Raphaëlle Borneuf, fondatrice de Bonport. Le charme des cafés, elle en convient, est inimitable, « mais ce n’est pas facile de trouver celui où on peut passer un appel professionnel ».

Sensation d’isolement en pleine gare Montparnasse

Elle a donc créé son entreprise Bonport qui propose des salons « lounge », comme celui de la gare Montparnasse : un lieu dont l’aspect navigue plus près de l’accueil d’un hôtel de luxe et du café intimiste, que du salon grand voyageur de la SNCF. Le lieu est composé de différents espaces où les visiteurs peuvent s’installer autour de l’accueil. A droite de l’entrée, une jolie table où peuvent s’installer jusqu’à quatre personnes. A gauche, deux petites alcôves accueillent des tables avec fauteuils et canapés, au fond, un espace cosy avec des banquettes.

Le salon Bonport de la Gare Montparnasse
Le salon Bonport de la Gare Montparnasse – R.Le Dourneuf

Tous ces espaces bien séparés les uns des autres offrent une sensation d’isolement pour les personnes, seules ou à plusieurs, qui souhaiteraient s’offrir un temps de concentration. Ils disposent tous de prises et de port USB et l’entreprise propose une connexion Wifi sécurisée.

Ici, les échanges sont libres, mais une certaine modération dans le volume de la voix est demandée pour respecter les autres occupants. « Bien entendu, le salon est ouvert à tous, mais nous visons principalement les professionnels qui voudraient travailler dans le calme », explique Raphaëlle Borneuf.

Des cabines privatives pour les réunions et visioconférences

Mieux, pour ceux qui voudraient conserver la confidentialité de leur travail, ou faire une visioconférence, Bonport propose des cabines privatives. Au salon de la gare Montparnasse, deux bulles sont disponibles. L’acoustique y est travaillée pour isoler les participants de l’extérieur, et inversement, et les portes vitrées sont élégamment équipées de motifs pour garder la confidentialité du lieu. « Ces bulles sont modulables pour pouvoir s’adapter aux besoins des visiteurs, que ce soit pour une séance de travail à deux, ou pour une réunion à quatre, nous pouvons adapter la hauteur de la table, ajouter des chaises, etc. », précise Raphaëlle Borneuf.

Raphaëlle Borneuf, fondatrice de Bonport dans l'une des bulles privatives du salon de la gare Montparnasse.
Raphaëlle Borneuf, fondatrice de Bonport dans l’une des bulles privatives du salon de la gare Montparnasse. – R.Le Dourneuf

Bien entendu, ces services ont un coût. 12,5 euros de l’heure pour un espace dans le salon et 42 euros de l’heure pour une bulle privative. A ce prix, les visiteurs bénéficient de café, thé, croissants et biscuits à volonté.

Une bulle privative du salon Bonport de la gare Montparnasse.
Une bulle privative du salon Bonport de la gare Montparnasse. – R.Le Dourneuf

Après une première ouverture dans la gare de Lille-Flandres, avortée à cause de la crise du Covid-19, Raphaëlle Borneuf a relancé son premier salon à Montparnasse et vise cinq nouvelles ouvertures en 2022. Les gares sont le cœur de cible de ce nouveau service : « Nous visons les grands lieux de conjonction, donc nous regardons aussi du côté des aéroports. »

Kabin, les bureaux à la demande

Si les gares veulent s’équiper en bulles de travail, elles regardent aussi du côté de Kabin. Cette société créée à la fin de l’année 2019 s’inscrit dans le concept du « microworking », à savoir de courtes sessions de travail dans des lieux qui ne sont pas prévus à cet effet.

Pour cela, l’entreprise propose des cabines qui sont en fait de parfaits petits bureaux mobiles, comme les décrit Adrien Lemaire, fondateur de Kabin : « Nous voulions accompagner l’essor du nomadisme, du télétravail et de la micromobilité. »

La cabine Kabin du centre commercial So Ouest à Levallois-Perret (92)
La cabine Kabin du centre commercial So Ouest à Levallois-Perret (92) – R.Le Dourneuf

Les boxes consistent en de petits bureaux, qui peuvent accueillir jusqu’à quatre personnes, et qui sont fermées par deux portes vitrées. Pour y accéder, il suffit de télécharger l’application dédiée et de demander le code à composer. L’application indique aussi les plages horaires disponibles, qu’il est possible de réserver à l’avance ou au dernier moment.

Une future prise en charge par les employeurs ?

Disposant d’une connexion Internet, ces cabines, qu’Adrien Lemaire décrit comme « des écrins de silence, totalement isolés du monde extérieur », peuvent être réservées par tranches de 15 minutes. Pratique pour ceux qui voudraient juste passer un appel dans de bonnes conditions.

« Ce ne sont pas des lieux qui ont vocation à devenir un bureau, ils sont destinés aux besoins ponctuels », rappelle le fondateur de Kabin. Il faut dire que le tarif, de 3,50 euros les 15 minutes, soit 14 euros de l’heure, limite une utilisation quotidienne. Un tarif élevé pour des télétravailleurs, c’est pourquoi Adrien Lemaire aimerait convaincre les entreprises de prendre en charge ces frais, peut-être via l’application d’un « ticket-travail » comme il existe des titres-restaurant. Il envisage d’ailleurs de développer des offres d’abonnement pour les gros travailleurs.

Que les angoissés du Covid se rassurent, le produit développé à l’aube de la pandémie a pris ce paramètre en compte et dispose d’un filtre à air par UVA qui permet l’éradication des microbes présents dans l’air. Tout l’air de la cabine est renouvelé entre chaque séance, en 2’30 et toutes les surfaces à l’intérieur sont traitées grâce à des solutions virucides non invasives.

Bientôt des Kabin de plage ?

Le principal avantage de Kabin réside dans sa mobilité. Il suffit d’une prise de 120 volts pour rendre la cabine totalement fonctionnelle. Aujourd’hui, deux cabines sont disponibles, une au centre commercial So Ouest de Levallois-Perret, et une dans le hall d’accueil de la mairie du 17e arrondissement de Paris. Une troisième devrait arriver au centre culturel L’Escale de Levallois-Perret dans les jours à venir.

La solution intéresse ainsi beaucoup de monde. Outre quelques centres commerciaux qui se renseignent, Kabin est en discussion avec la SNCF pour peut-être déployer des cabines dans certaines gares, et avec la société Vinci pour les aires d’autoroutes. « Un beau rêve serait de proposer des cabines-images, c’est-à-dire dans des musées, ou près de la plage, pour proposer un jour une belle vue en plus d’un confort de nos cabines. »

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